🔸Question posée à l’éminent savant cheikh Rabi’ – qu’Allah le préserve :
« Si je me retrouve dans une assise dans laquelle il y a des jeunes qui connaissent le cas d’un innovateur et que je mentionne cet innovateur ainsi que ses défauts et ce qu’il a comme égarement sans qu’il n’y ait en cela de bénéfice, est-ce que c’est considéré comme de la médisance ? »
🔹Réponse :
« Cette question peut être une arme à double tranchant. Il se peut que le questionneur soit quelqu’un de sage et qui oriente les jeunes vers ce qui leur est utile. Et il se peut qu’il fasse partie de l’autre camp qui ne veut pas que les gens de la Sounna parlent sur les gens de l’innovation.
J’espère donc que celui-ci fait partie de la première catégorie. Quoiqu’il en soit, les gens de la Sounna ont classé les gens de l’innovation en deux catégories :
◼️ Une [première] catégorie : ceux qui se taisent, qui ne parlent pas de leurs innovations religieuses et ne les propagent pas. Ceux-là, il convient de se taire à leur sujet, de les délaisser, de les «enterrer» (les oublier) complètement et ne pas parler d’eux, ni pendant les assises ni ailleurs.
◼️[La seconde] catégorie : constituée de prédicateurs appelant au faux et aux innovations religieuses, et qui mettent de l’ardeur dans la propagation des innovations religieuses.
Ceux-là, les [pieux] prédécesseurs leur faisaient la guerre, mettaient en garde contre eux et interdisaient d’étudier quoi que ce soit chez eux, ni la science religieuse, ni le hadith, ni rien d’autre. Et lorsqu’ils persistaient dans le mal, ils présentaient leur affaire aux gouverneurs. Ensuite, le gouverneur juste statuait sur leur cas soit en les exécutant, en les emprisonnant ou en les exilant.
Maintenant, si cet innovateur garde le silence, «enterre-le» (oublie-le) et ne parle jamais de lui. Ceci est la bonne voie à [emprunter]. Mais s’il propage son hérésie et qu’autour de toi il y des gens qui sont trompés par son innovation, alors mets en garde contre lui. Mais si les gens autour de toi sont au courant de son hérésie et font plus attention que toi, alors non. Ceci ne nous fait que perdre notre temps.
Quant à cette explication détaillée, il serait souhaitable que nous soyons à la hauteur de celle-ci, parce qu’il y a parmi les conditions [à observer] lorsque l’on veut parler (d’une personne), même lorsqu’il s’agit de l’innovateur, faire preuve de sincérité, rechercher le Visage d’Allah et faire en sorte que cette parole concrétise un intérêt.
Si la critique de l’innovateur se fait dans un but parmi d’autres, sous l’effet des passions, ou pour satisfaire l’âme qui cherche à se venger, alors l’auteur de ses paroles sera jugé. Car ce qui t’est demandé, c’est que ta prédication soit faite sincèrement pour Allah, que tu ne dises que du bien et que tu ne le fasses pas dans un but personnel.
Et certes, je vais parler de ce sujet, car il se peut que la personne soit amenée à parler sur l’innovateur, mais seulement dans quel contexte ?!
Cela doit être obligatoirement pris en considération par le musulman et il doit faire son propre examen de conscience : s’il voit un intérêt dans le fait de mettre en garde contre cet innovateur et qu’en faisant cela, il vise le Visage d’Allah, il se dépouille pour Allah de toute passion et de tout intérêt personnel après avoir affermi son âme sur ces bases… alors, à ce moment-là, s’il en voit l’utilité, il en parlera et mettra en garde.
Puis, une fois que tu as porté le conseil, ne multiplie pas les paroles. Ne multiplie pas les on-dit, car cela est la plus mauvaise manière d’agir et cela pervertit les âmes. Or, les paroles ne sont prononcées que dans la mesure où celles-ci sont utiles et permettent d’arriver à la concrétisation de l’intérêt commun, pour que le bien atteigne les gens et dans la mesure où elles empêchent le mal de les toucher. Et certes, toute chose qui dépasse ses limites finit par se transformer en son contraire.
Si la personne en question est un prédicateur, alors mettez en garde contre lui selon ce qui va servir l’intérêt commun et repousser le méfait. Et si ce n’est pas le cas, alors faites en sorte qu’on ne parle plus de lui et qu’on occupe plutôt notre temps par ce qui nous est utile et profitable aux musulmans.
Et certes, l’exagération dans ce domaine est une chose qui a été exploitée par les ennemis. Ils s’en sont servis pour enlaidir l’image du minhaj salafi, au point où certains faibles parmi les salafis se sont mis à faire la guerre et à reproduire les gens de l’innovation sans même le savoir et enlaidir malheureusement l’image de leurs frères salafis.
Allah, qu’Il soit béni et élevé, dit (dans la traduction du sens) : «Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur» [Les abeilles (An-Naĥl),125].
La sagesse est donc nécessaire tout comme il convient de prendre aussi en considération l’intérêt commun dans chacune des situations possibles. Car cette religion est dans son ensemble synonyme de sagesse, de bien et d’intérêt commun. Et certes, la raison saine se voit dans l’obligation de s’y soumettre et de s’abreuver de ses arguments et de ses preuves ; « Nous en avons fait un Coran arabe afin que vous raisonniez.» [L’ornement (Az-Zukhruf), 3]
Ce Coran fait revivre les esprits et les éduque. Il (le Coran) éduque les âmes, enseigne la bonne compréhension (de l’Islam), permet d’atteindre des buts élevés et les nobles comportements. Tout cela, nous le tirons du Coran.»
📗 « شرح كتاب الفتن من صحيح البخاري » (ص 64-66 طبع دار الميراث عام 1440هـ )
📗 Extrait de :
Explication du livre des troubles (fitan) du Sahih el Boukhari par cheikh Rabi’ (p 64-66)
📃Parole tirée de la page de cheikh Ahmed az-Zahrani – qu’Allah le préserve.
✍ Traduction: l’équipe de traduction Rabi’ As-Sounnah.