Question : Il y en a qui disent qu’il y a divergence (ikhtilâf) [concernant] le jugement (hukm) de l’accomplissement de la prière dans une mosquée ou il y a une, deux ou trois tombe et même plus. Nous espérons un éclaircissement (tawdîh) en cela, et quel est le jugement alors que le Prophète -Prière et Salut d’Allâh sur lui- a dit (traduction rapprochée) : « Allâh a maudit les Juifs et les chrétiens : ils ont fait des tombes de leurs Prophètes, des lieux de prières. »
Sachant qu’il y a des gens qui, en revenant de Médine, [appuient leur argumentation pour autoriser la prière dans une mosquée où se trouve une tombe par la présence,] dans la Mosquée du Prophète de sa tombe -Prière et Salut d’Allâh sur lui- ainsi que celles de ses deux Compagnons -l’Agrément d’Allâh sur eux deux-, et que celle-ci (la mosquée) est identique aux mosquées en général et que la prière en son sein est permise. J’espère avoir un éclaircissement.
Réponse du Grand Moufti Sheikh AbdelAziz Ibn Baz :
Le Messager -Prière et Salut d’Allâh sur lui- a maudit celui qui bâti des oratoires sur les tombes et il a [également,] mit en garde contre cela, comme dans le hadîth cité précédemment et il a dit : « Ceux avant vous ne faisaient-ils pas des tombes de leurs Prophètes et de leurs pieux des sanctuaires ? Ne prenez pas les tombes comme sanctuaire, je vous l’interdis ! » (Rapporté par Muslim dans [son] « Authentique »).
Les deux Chuyûkh ont rapporté, d’après ‘Âichah -l’Agrément d’Allâh sur elle- qui a dit : « Umm Habîbah et Umm Salamah -l’Agrément d’Allâh sur eux deux- ont raconté au Prophète -Prière et Salut d’Allâh sur lui- qu’elles ont vu une église ainsi que ce qu’elle contenait comme images (représentations) en terre Abyssine (al-habachah). Il dit alors : « Parmi ces gens là, lorsqu’un homme mourait, ils construisaient sur sa tombe un lieu de culte (masdjid) et y [introduisaient] ses images (représentations). Ils sont les pires de la création auprès d’Allâh. »
Il -Prière et Salut d’Allâh sur lui- [nous a donc] clarifié que ceux qui construisent des mosquées sur les tombes sont les pires de la création auprès d’Allâh et il a mis en garde contre leur agissement.
Cela, prouve que l’on ne prit pas dans une mosquée ou se trouve une ou plusieurs tombes et il n’y a pas de différence [dans l’interdiction] entre une tombe ou plus.
Si la mosquée a été construite en dernier (akhîr), [après] les tombes, [alors,] il faut la détruire pour ne laisser que les tombes marquées (bârizah) [1] sans [aucune] construction au-dessus d’elles de la même façon qu’elles étaient en son temps -Prière et Salut d’Allâh sur lui-, dans [le cimetière] de Baqî’ et autres et cela [a perduré] jusqu’aujourd’hui dans le Royaume d’Arabie Saoudite ; les tombes y sont marquées sans construction par-dessus, ni coupole (qibâb) et ni oratoire et que louange et grâce soient rendues à Allâh.Mais si la mosquée est ancienne (qadîm) ; [construite avant les tombes] et qu’une ou plusieurs tombes y ont été introduite, alors la tombe doit être retirée et son occupant [déterré].
Il devra être transporté vers les cimetières (maqâbir) généraux (‘âmmah) dans lesquels il n’y a pas de coupoles, ni de mosquées, ni de constructions et ce, pour que la mosquée soit vidée de [la tombe] afin d’y accomplir la prière.
Quant aux arguments (ihtidjâdj) de certains ignorants sur la présence de la tombe du Prophète -Prière et Salut d’Allâh sur lui- ainsi que celles de ses deux Compagnons -l’Agrément d’Allâh sur eux deux- [près de lui], cela n’est pas un argument (hujjah), car le Prophète -Prière et Salut d’Allâh sur lui- a été enterré chez lui [2] et non pas dans la Mosquée, et ont été enterré avec lui ses deux Compagnons Abû Bakr et ‘Umar -l’Agrément d’Allâh sur eux deux-, mais lorsque Al-Walîd Ibnu ‘Abd-lMalik Ibnu Marwân a agrandi la Mosquée [Prophétique] il a fait entrer la Maison [du Prophète] dans la Mosquée à cause de l’agrandissement (tawsi’ah) et [par son introduction,] il a commis une erreur (ghalat) ; il ne devait pas la faire entrer dans la Mosquée afin que les ignorants et leurs semblables ne prennent pas [ce fait] pour argument.
Les gens de science (ahlu-‘ilm) ont renié (désavoué) [son geste].
Il n’est donc pas permis de suivre son exemple et que personne, ne pense que cela fait parti de la construction sur les tombes ou de leur adoption (ittikhâdh) comme oratoire, car ceci est une maison indépendante (mustaqill) qui a été introduite dans la Mosquée, [à cause de] la nécessitée de l’agrandissement et elle est identique au cimetière [se situant] devant la Mosquée qui est séparée (mafsûlah) de la Mosquée et qui ne lui cause pas de tort de même que la tombe du Prophète -Prière et Salut d’Allâh sur lui- [qui] est séparée par un mur (djidâr) et des barreaux (qudbân).
Il est nécessaire que le musulman clarifie cela à ses frères, afin qu’ils ne se trompent pas dans ce sujet (mas alah).Et c’est d’Allah que vient le Succès.
[1] Pour reconnaître qu’il s’agit de tombes. Généralement, les gens, mettent près de la tombe un signe pour la reconnaître : pierre…
[2] Dans la maison de notre Mère ‘Âichah -l’Agrément d’Allâh sur elle-.
Tiré de « barnamadj nûrun ‘alâ-ddarbi », cassette n° 62 et : « Rassemblement de fatâwah et d’articles divers », tome XIII.