Les Ash’arites dévient de la croyance traditionaliste sur de nombreux points dont notamment, à titre d’exemple :
1- Leur seule référence dans le domaine du divin (de l’Unicité) et de la prophétie, c’est la raison. Ils classent le domaine de la croyance en trois chapitres : le divin, la prophétie, et les paroles scripturaires. Ils entendent par paroles scripturaires, toutes les questions en relation avec l’eschatologie musulmane telle que la Résurrection, le grand Rassemblement des hommes, l’Enfer, le Paradis, etc. ils nomment ce chapitre ainsi, car c’est le seul domaine où ils s’inspirent des textes sacrés. Pour ce qui concerne le divin, et la prophétie, ils s’en remettent uniquement à la raison.
2- Ils assument que la foi consiste uniquement à approuver la religion avec le coeur. En cela, ils ne considèrent pas que les actes fassent partie de la foi (à l’instar des Murjites ; les Murjites sont plusieurs tendances, mais les Jahmites et les Ash’arites ont l’une des plus mauvaises conceptions de la foi, étant donné notamment qu’ils ne considèrent même pas la parole comme faisant partie intégrante de la foi NDT.).
3- En se basant sur leur définition de la foi, ils ne considèrent pas que l’Unicité de la divinité (Tawhîd el Ulûhiya) compte parmi les branches de l’Unicité. L’Unicité selon eux, consiste à dire qu’Allah est Unique dans Son Essence sans ne faire aucun partage, Unique dans Ses Actions sans avoir aucun associé, et Unique dans Ses Attributs sans avoir aucun égal. Cette définition ne fait nullement mention de l’Unicité de la divinité. C’est pourquoi, il est possible de constater que les sociétés où l’Ash’arisme est répandu, ne porte pas l’accent sur ce point important ; celles-ci sont contaminées par l’Association et l’Innovation étant donné que les gens n’apprennent pas qu’Allah est Unique dans Son Adoration sans n’avoir aucun associé.
4- En se basant également sur leur définition de la foi, ils ne considèrent pas que l’attachement à la Tradition du Prophète entre dans sa définition. Selon eux, la foi au Prophète se limite à approuver ses enseignements. C’est pourquoi, les sociétés Ash’arites sont contaminées par l’Innovation.
5- Ils se distinguent des traditionalistes dans le domaine des Noms et des Attributs.
6- Ils se distinguent des Traditionalistes dans le domaine du destin ; domaine dans lequel ils rejoignent les Jabrites (déterministes).
7- Ils se distinguent des traditionalistes sur la question de la vision d’Allah le Jour de la Résurrection. Ils soutiennent en effet qu’Il pourra être vu sans qu’Il ne soit dans un endroit quelconque.
8- Ils se distinguent des traditionalistes sur la question de la Parole d’Allah ; ils ne reconnaissent pas la Parole incréée d’Allah comme il convient puisqu’ils considèrent qu’elle correspond à une « parole intérieure », etc.
Extraits de : introduction de la recension de Kitâb el ‘Arsh (1/57-62) de l’Imâm e-Dhahabî (m. 746 h.) par le docteur Mohammed ibn Khalîfa e-Tamîmî.
Le repentir de Abou el-Hassan el-Ash’ari et de Abou Hamid el-Ghazali :
1. Abû el Hasan el Ash’arî (m. 324 h.) déclare en introduction à son dernier livre qui prend ainsi la forme d’un testament : « L’opinion à laquelle nous adhérons et la religion à laquelle nous croyons, est celle qui consiste à s’accrocher au Livre de Notre Seigneur Tout-puissant, à la Tradition de notre Prophète, et aux annales rapportées des Compagnons, de leurs Successeurs (Tâbi’în), et des grandes références traditionalistes. Nous nous retranchons derrière ces enseignements. L’opinion d’Abû ‘Abd Allah Ahmed ibn Hanbal –qu’Allah illumine son visage, l’élève en degré, et le comble de la meilleure récompense – est la nôtre, et celle de ses adversaires est contre la nôtre. Il est le noble Imam, le chef parfait, par lequel Allah dévoila la vérité, dissipa les ténèbres, montra la voie, et brisa l’innovation des hérétiques, l’égarement des égarés, et le doute des sceptiques. Qu’Allah comble de Sa Miséricorde cet Imam devancier, illustre, encensé, et magnifié, et tous les Imams des musulmans… » El Ibâna fî Usûl e-Diyâna. Sheïk Hammâd el Ansârî est l’auteur d’une recherche où il démontre que non seulement Abû el Hasan est bel et bien l’auteur d’el Ibâna mais qu’il fut l’un des derniers si ce n’est le dernier de ses ouvrages.
[Voir : Rasâil el ‘Aqîda de Hammâd el Ansârî (p.61-108)]
2. Abû Hâmid el Ghazâlî (m. 505 h.) serait mort avec Sahîh el Bukhârî sur les bras. [Voir : l’introduction de : Qâ’ida fî e-Rad ‘alâ el Ghazâlî fî e-Tawakkul d’ibn Taïmiya (p. 101), recension du Docteur ‘Alî Shibl.] Il fut pourtant au cours de sa vie, passionné par le Kalâm et la philosophie, il est même considéré comme le premier à avoir introduit la logique grecque dans la matière d’Usûl el Fiqh. Mais cette passion démesurée l’a fait sombrer dans le désarroi et le scepticisme, c’est pourquoi à la fin de sa vie, il se pencha sur l’étude du Hadith à travers le recueil d’el Bukhârî et de Muslim. Il est passé auparavant par plusieurs phases dont notamment le soufisme ; il a même écrit deux réfutations contre le Kalâm et la philosophie qui porte pour titre : Tahâfut el Falâsifa et Iljâm el ‘Awâm.
[Voir sa biographie dans Siar A’lâm e-Nubala (20/286).]