Dans le Coran, le Très-haut dit: Quiconque a renié Allah après avoir cru… – sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi – mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la mécréance ceux-là ont sur eux une colère d’Allah et ils ont un châtiment terrible (Coran,16:106).
At-Tabari a dit: « Ibn Abbas a dit: Allah nous a informé que celui qui renie sa foi après avoir cru s’exposera à la colère divine et subira un châtiment intense. Quant à celui que la contrainte a fait dire le contraire de ce qui est dans son cœur afin d’échapper à son ennemi, il ne sera pas gêné car Allah le Transcendant juge Ses serviteurs en fonction de leur adhésion intime (à la foi). Voir le Tafsir d’at-Tabari (17/305).
Dans la Sunna, les polythéistes se saisirent d’Ammar ibn Yassir et ne le lâchèrent quant il finit par insulter le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) et dit du bien de leurs dieux. Revenu auprès du Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui), ce dernier lui dit: -Qu’est-ce que tu as laissé derrière toi?
-Du mal, ô Messager d’Allah! Ils ne m’ont lâché que quand je t’ai remis en cause et dit du bien de leurs divinités!
-Comment te sens tu dans ton cœur (par rapport à la foi) ?
-Bien tranquillisé.
-Si c’était à refaire, fais-le. (Rapporté par al-Hakim dans al-Moustadrak (2/389) et par al-Bayhaqui dans as-Sunan al-Koubra (8/208). Sa chaîne est faible mais les nombreuses voies à travers lesquelles le hadith a été rapporté indiquent qu’il a un fondement.
Al-Hafez ibn Hadjar a dit: Ces hadiths à la chaîne interrompue se renforcent mutuellement. Fateh al-Bari (12/312).
Dans le consensus : Ibn Hazem dit: Ils (les ulémas) sont touts d’avis que celui qui parle sous la contrainte alors que son cœur est animé par la foi ne s’expose pas à la mécréance aux yeux d’Allah Très-haut. Voir al-Iqnaa fii massail al-Idjmaa d’Ibn al-Qattan (2/272).
Cheikh al-islam, Ibn Taymiya dit: C’est pour cela qu’aucun parmi nous ne conteste que les propos proférés sous une injuste contrainte n’entraînent pas l’application de dispositions (légales). Al-Istiqama (2/210).
Les ulémas ont établi des conditions pour cerner la contrainte qui justifie le reniement de la foi. Les voici:
A. L’existence d’une menace portant sur l’exécution ou l’amputation ou une atteinte insupportable pour le musulman comme l’emprisonnement ou la frappe.
B. La capacité du contraint à faire ce qu’on lui demande de faire sous la menace.
C. L’incapacité du contraint à se défendre, fût-ce en prenant la fuite ou en sollicitant le secours d’autrui.
D. La forte croyance du contraint qu’il va subir ce dont il est menacé.
Est-il permit au contraint d’endurer le mal et la nuisance, même s’il doit être tué dans le chemin d’Allah ? Oui, cela lui est permis puisque Bilal et d’autres l’ont fait.
Ibn Kathir dit: Il lui est permis de se laisser tuer à l’instar de Bilal qui résistait aux différentes sortes de torture qu’on lui infligeait. Ses geoliers allaient jusque poser une énorme pierre sur sa poitrine au plus fort de la chaleur , et lui demandaient de donner des associés à Allah, ce qu’il refusait en disant: Unique, Unique… Si je connaissais un autre mot plus apte à vous exaspérer, je le dirais. (Puisse Allah l’agrée) Voir le Tafsir d’Ibn Kathir (4/606).
Qu’est-ce qui est préférable: l’endurance et la patience même si elles devaient conduire à la mort ou l’usage de la permission religieuse de renier sa foi ?
Ibn Kathir a dit: Ce qui est préférable pour le musulman, c’est de rester attaché à sa religion, même s’il devait être tué. Voir Tafsir d’Ibn Kathir (4/606).
On lit dans l’encyclopédie juridique (18/35): «Hanafites, Malikites , Hanbalites et Chafiites- selon l’avis le plus juste chez eux- sont tous d’avis qu’il est préférable de rester ferme dans sa foi, même si on subissait une contrainte pouvant aboutir à la mort que de renier sa foi puisque si on est tué on sera récompensé (dans l’au-delà). En effet, il est rapporté que le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: Parmi les croyants qui vous ont précédé on trouvait des gens qu’on installait dans un fossé et sciait en deux morceaux à partir de la tête et perçait à l’aide de lames qui leur passaient entre la chair et les os sans que cela ne les détourne de leur religion. (Rapporté par al-Boukhari).