– Les savants qui voient que le nombre de rak’a des prières de nuit ne doit pas dépasser 11 rak’a se basent sur:
Le hadith d’Abou Salamata ibn Abd Rahman qui avait posé à Aïcha la question suivante : « Comment priait le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) au cours des nuits du Ramadan ? » – Elle lui dit : « Il ne dépassait ni en Ramadan ni en dehors de ce mois 11 rak’a ; il effectuait 4 rak’a d’une grande beauté puis les faisait suivre par d’autres 4 rak’a d’une grande beauté puis il les faisait suivre par trois rak’a… Je lui disait : ô Messager d’Allah ! Vas-tu dormir avant de clôturer tes prières ? – Il disait : ô Aïcha ! Mes yeux dorment mais mon cœur ne le fait pas ». (rapporté par al-Boukhari, 1909 et par Mouslim, 738).
– Les savants qui voient que le nombre de rak’a des prières de nuit peut dépasser les 11 rak’a se basent sur:
Le hadith d’Ibn Omar selon lequel un homme interrogea le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) à propos des prières nocturnes et le Messager lui dit : « les prières nocturnes se font par unité de deux rak’a. Si l’un de vous craint l’entrée de la matinée, qu’il effectue une rak’a pour clôturer ses prières ». (rapporté par al-Boukhari, 946 et par Mouslim, 749).
– Les paroles des imams de la sounna parmi les salafs nous montre qu’il y a une souplesse dans cette question:
Ibn Qudama a dit : « Le choix d’Abou Abdallah (c’est-à-dire l’imam Ahmad Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) est que les tarawih comptent 20 rak’a. C’est aussi l’avis de Thawri, d’Abou Hanifa, de Chafii. Pour Malick, elles comptent 36 rak’a. Voir al-Moughni, 1/457.
An-Nawawi a dit : « Les tarawih constituent une Sunna (pratique prophétique) de l’avis unanime des ulémas. Selon notre école juridique, elles comptent 20 rak’a entrecoupées par dix pauses. On peut les observer individuellement et en groupe ». Voir al-Madjmou, 4/31.
Cheikh al-islam Ibn Taymiyya a dit : « Si on effectue les tarawih conformément aux avis d’Abou Hanifa, de Chafii et d’Ahmad en les portant à 20 rak’a ou confirment à l’avis de Malick en les portant à 36 rak’a ou à 13 ou à 11, on a bien fait. C’est ce que l’imam Ahmad a bien précisé compte tenu de l’absence d’une référence (fixant le nombre de rak’a). L’augmentation ou la diminution des rak’a peuvent dès lors dépendre de la longue ou courte durée de la posture debout (observée pendant la lecture du Coran dans les tarawih). Voir al-ikhtiyarat, p. 64.
– Un conseil important de sheikh ibn outheymine à ceux qui dramatisent cette question :
Cheikh Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « Certains exagèrent leur observance de la Sunna par rapport au nombre de rak’a et disent : il n’est pas permis de dépasser le nombre de rak’a établi par la Sunna et dénoncent vigoureusement celui qui dépasse ledit nombre et le traite de pécheur rebelle. Ceci est sans nul doute une erreur… Comment peut-il être pécheur et rebelle alors que le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui), interrogé sur la manière d’accomplir les prières nocturnes, a dit : « par unité de deux (rak’a) sans préciser le nombre total ? Or il est bien connu que celui qui lui a posé la question ne connaissait pas le nombre (à ne pas dépasser) puisque celui qui ignore la modalité ignore à plus forte raison le nombre. L’auteur de la question n’ayant pas servi chez le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) nous ne pouvons pas dire qu’il était sensé connaître ce qui se passait dans sa maison. Si le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) s’est contenté de lui expliquer la modalité de la prière sans lui fixer un nombre (à ne pas dépasser) nous en déduisons que la pratique est souple et qu’il est permis au fidèle d’accomplir 100 rak’a et de les clôturer par une seule.
Quant à la parole du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) : « Priez comme vous me voyez prier » Personne, même ceux-là, ne lui donne une portée générale. C’est pourquoi les intéressés n’imposent à personne de clôturer ses prières (nocturnes) tantôt par 5 rak’a, tantôt par 7 et tantôt par 9. Si nous reconnaissions une portée générale au hadith précédent, nous dirions que l’on doit clôturer ses prières (nocturnes) tantôt par 5 tantôt par 7 et tantôt par 9 rak’a successives. Le vrai sens du hadith : « Priez de la même manière que je le fais » Quant à la quantité (des rak’a), elle ne peut être fixée que sur la base d’un texte précis.
Quoi qu’il en soit, l’on doit restreindre une pratique qui est en principe souple… Nous avons vu des frères qui dramatisent cette affaire au point de qualifier d’innovateurs les imam qui dépassent les 11 rak’a et quittent la mosquée et se privent ainsi de la récompense à propos de laquelle le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Celui qui prie avec l’imam jusqu’à la fin de la prière aura inscrit en sa faveur la récompense d’une nuit entière de prière » (rapporté par at-Tirmidhi, 806 et déclaré authentique par al-Albani dans Sahihi at-Tirmidhi, 646). Parfois ils s’assoient après avoir accompli 10 rak’a. Ce qui provoque la rupture des rangs des prieurs. Parfois ils parlent entre eux de façon à perturber les prieurs.
Nous ne doutons point qu’ils veulent faire du bien et qu’ils mènent un effort de réflexion (sur les textes religieux) mais tous ceux qui mènent un tel effort ne réussissent pas nécessairement.
Le deuxième groupe va dans le sens inverse. Il dénonce fermement la pratique de ceux qui se contentent de 11 rak’a et les accuse d’avoir violé le consensus en dépit de la parole du Très Haut : « Et quiconque fait scission d’ avec le Messager, après que le droit chemin lui est apparu et suit un sentier autre que celui des croyants, alors Nous le laisserons comme il s’ est détourné, et le brûlerons dans l’ Enfer. Et quelle mauvaise destination!» (Coran, 4 : 115). Tous ceux qui vous ont précédé ne connaissent que 23 rak’a. Puis ils continuent de les dénoncer vigoureusement. Ce qui est encore une erreur.
Voir ach. Charh al-moumti : 4/73-75.