Plusieurs points sont abordés ici :

A/ Sa définition : L’ornithomancie consiste à tirer mauvais augure ou à être optimiste,
en fonction de ce que l’on voit des oiseaux et autres.

B/ Les mouvements des oiseaux sont prédestinés : Que le musulman sache que tout
ce qui survient dans ce monde est prédestiné par Allah, qu’il s’agisse des déplacements ou de l’immobilité des oiseaux, ou de toute autre chose. Le Très Haut de dire : (Nous avons créé toute chose avec mesure) 54/49. Et le Prophète -Qu’Allah fasse ses éloges aux anges rapprochés- dit dans le récit de Aicha : « Les oiseaux se meuvent selon un décret » (Rapporté par Al-Hàkim et jugé bon).

C/ Les présages (Tatayyour en arabe, dérivé du nom des oiseaux – Touyyour) ne sont pas spécifiques aux oiseaux : Le mauvais ou le bon augure n’est pas seulement déduit (de l’observation) des volatiles. Ils englobent en fait les accidents, les personnes, les instants et les lieux, qui poussent de l’avant (pour la réalisation d’un objectif fixé) ou qui freinent. Si le musulmans sort de chez lui visant à rejoindre son lieu de travail, et qu’il tire mauvais augure en apercevant un renard, ou un homme borgne, de sorte qu’il s’en retourne sur ses pas et n’aille pas travailler, alors, il a sombré dans le « Tatayyour » interdit par le Prophète -à lui le salut et la paix-

D/ L’absence d’influence des augures. L’ornithomancie n’a aucune influence.  Le Prophète –Qu’Allah fasse ses éloges aux anges rapprochés- dit dans le récit d’AbouHoureyra : « Pas de contagion, et pas d’augures » (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim). Ce n’est qu’une illusion qui se présente à l’âme, mais qui n’a pas d’effet sur le décret d’Allah et ce qu’Il a destiné. Lorsque Mou’àwiyya Assoulami dit au Messager d’Allah : « Il y a parmi nous des hommes qui tirent augure (de ce qu’ils voient) » Il dit : « C’est une chose qu’ils ressentent dans leur for intérieur, et qu’elle ne les détourne pas (de leurs desseins) » (Rapporté par Mouslim).

E/ Les augures sont subdivisées en deux catégories –

Première catégorie / Que l’individu ait pour credo que la chose de laquelle il tire un
présage -de personne, d’animal, de parole, d’oiseaux et autres- agisse d’elle-même, ou
qu’elle refoule la nuisance de manière indépendante. C’est là de l’associationnisme
majeur dans la Seigneurie, parce qu’il a cru en l’existence d’un Créateur en dehors d’Allah. Et s’il est envahi de peur vis-à-vis de la chose par laquelle il tire présage, et qu’il craigne qu’elle le frappe (de quelque mal), alors, c’est de l’associationnisme dans l’adoration (le culte de la peur). Et le Prophète –Qu’Allah fasse ses éloges aux anges rapprochés- dit dans le récit de Ibn Mass’oud : « L’ornithomancie est de l’associationnisme » (Rapporté par Ahmad et les auteurs des « Sunans » et jugé authentique).

Deuxième catégorie / Qu’il ait pour conviction que ce dont il tire augure n’œuvre pas de manière autonome, mais qu’il s’agit plutôt d’une cause d’obtention du bien ou du mal, et que c’est Allah qui crée toute chose… Alors, c’est de l’associationnisme mineur, puisqu’il a désigné pour cause et moyen, ce qui n’en est pas. Et le Prophète de dire : « L’ornithomancie est de l’associationnisme » (Rapporté par Ahmad et les auteurs des « Sunans » et jugé authentique).

F/ Le musulman et les augures :

1 –Ô musulman, tu ne dois pas voir de présages en quoi que ce soit, l’ornithomancie
est illicite. Et dans le récit de Boureyda, que le Prophète : « Ne tirait présage d’absolument rien » (Rapporté par Abou Daoud et jugé authentique).

2 –Ô musulman, que tu ailles jusqu’au bout de tes projets, sans être freiné ou stoppé par les augures et que tu places ta confiance en Allah -Puissant et Majestueux-. Le Prophète -à lui le salut et la paix- disait dans le récit de Ibn ‘Amrin : « Celui que les présages découragent dans sa quête, a certes donné un associé (à Allah) » (Rapporté par Ahmad et jugé authentique). Et si le serviteur place sa confiance en Allah, Allah dissipera ce qu’il ressent (de présumée influence) des augures. Ibn Mass’oud disait : « Et pas un de nous (n’y échappe), cependant Allah le fait disparaitre par la confiance » (Rapporté par Abou Daoud et jugé authentique).

3 –Il n’y a pas de gêne si l’ornithomancie ne te refoule pas dans l’accomplissement de tes besoins, que tu n’y prêtes guère attention, mais que tu t’en détournes plutôt et t’en désintéresses! Place ta confiance en Allah, fais-toi une bonne pensée de ton Seigneur.
Et saches que l’ordre tout entier est à Allah.

4 –Ô musulman, prends bien garde à ce que les augures ne te renvoient pas sur tes pas,
parce que le Prophète -à lui le salut et la paix- a interdit au musulman de se retenir d’agir à cause des mauvais présages. Il dit dans le récit de ‘Ouqba ibn ‘Amir, lorsqu’on évoqua les augures en sa présence : « Le meilleur de tout cela est la bonne parole, et elle ne fait pas revenir le musulman (sur sa décision … » (Rapporté par Abou Daoud et jugé authentique).

Ô Musulman, si tu aperçois ce qui te déplait, fais ce qui suit :

1/ Poursuis ton activité et n’y met pas un terme.

2/ Fais confiance à Allah.

3/ Dis ce qui fut transmis du Prophète, dans le récit de ‘Ouqba Ibn ‘Amir : « Si quelqu’un parmi vous voit quelque chose qu’il déteste, qu’il dise : O Allah, nul ne procure le bien, sauf Toi, et nul ne repousse la mal, sauf Toi, il n’y a de force et de puissance qu’en Toi » (Rapporté par Abou Daoud et jugé authentique).

4/ Expie ce qui survient dans ton âme, en disant ce qui est transmis dans le récit de Ibn
‘Amrin : « Ils ont dit : Ô Messager d’Allah, quelle est l’expiation de cela? » Il dit : « Que l’un d’entre eux dise : Ô Allah, pas d’autre bien que le Tien, et pas de présage que Ton présage, et pas de divinité en dehors de Toi » (Rapporté par Ahmad et jugé authentique).

5/ Sache que le meilleur présage est « Al-Fa’l », en raison de la parole du Prophète, dans le récit de ‘Ouqba : »Le meilleur de tout cela est la bonne parole… » (Rapporté par Abou Daoud et jugé authentique). Il est recommandé au musulman d’apprécier « Al-Fa’l » et il s’agit de la bonne parole (positive et optimiste). Et dans le récit de Anas, que le Prophète disait : « Et j’apprécie Al-Fa’l » On dit : « Et de quoi s’agit-il? » Il dit : « La bonne parole » (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim). Et dans le récit de Abou Houreyra, « Il a entendu une parole plaisante. Il dit : Nous avons tiré bonne augure de ce qui sort de ta bouche » (Rapporté par Abou Daoud et jugé authentique). Et dans
le récit de Anas : « Que lorsqu’il sortait pour combler un besoin, il aimait à entendre : O Ràchid (bien guidé), O Nàjih (prospère)! » (Rapporté par Attirmizi et jugé
authentique). Et dans le récit de Boureyda : « Il -à lui le salut et la paix- ne tirait présage d’absolument rien, et lorsqu’il dépêchait une personne à son service, il questionnait à propos de son nom. Si son nom lui plaisait, il s’en réjouissait et on pouvait le voir sur son visage. Et s’il répugnait son nom, cette répugnance pouvait se lire sur son visage. Et s’il pénétrait dans un village, il questionnait à propos de son nom. Si son nom lui plaisait, il s’en réjouissait et cette réjouissance se voyait sur son visage. Et s’il détestait son nom, ce dégoût se lisait sur sa face » (Rapporté par
Abou Daoud et jugé authentique). Et « Al-Fa’l » n’est louable que parce que la personne qui se réjouit d’une bonne parole, a de bonnes pensées d’Allah –Puissant et Majestueux-, elle espère ce qu’il y a auprès d’Allah, elle a pleine confiance en sa promesse, elle se détourne de la tentative d’attristement opérée par le Diable… (Pour attrister ceux qui ont cru) 58/10.

6/ Ô musulman, tu dois faire confiance en Allah pour toutes tes affaires, ton cœur doit
obligatoirement se reposer sur Lui. Et tu dois mettre en œuvre les moyens juridiques et ce qui relève du décret universel, avec la croyance qu’il s’agit de moyens. Allah est le Créateur des causes et de leurs effets, des moyens et des conséquences… Il est l’Unique Créateur, Toute gloire à Lui.

7/ Ô musulman, il t’est prescrit de te détourner totalement des augures, te reposant sur Allah et lui vouant exclusivement le culte, ayant confiance en Lui, et ayant de bonnes pensées de ton Seigneur, afin que tu t’inscrives au nombre des soixante-dix mille qui entrent au Paradis, sans dressement de compte et sans châtiment. Comme le disait le Prophète dans le récit de Ibn Abbàss : « Ils ne réclament pas d’incantations, n’ajoutent pas foi aux augures et ne se cautérisent pas, et ils placent toute leur confiance en leur Seigneur » (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim).

Source : Attawhid Ibaadah (l’unicité de l’adoration)