1 .Définition de l’innovation (bid’a)
Al-bid’a, dans la langue arabe, a pour origine al-bad’, qui est l’invention (d’une chose) qui n’a pas de précédent.
« Il est le Créateur des cieux et de la terre à partir du néant ! » (La vache – 117)
C’est à dire qu’il est l’inventeur des cieux et de la terre sans modèle précèdent.
« Dis : ‹Je ne suis pas une innovation parmi les messagers » (Al-ahqaf – 9)
C’est à dire : « Je ne suis pas le premier messager qui vint aux gens avec le message d’Allah, il y a beaucoup d’autres prophètes qui m’ont devancés« .
On dit: « untel a innové une innovation » c’est-à-dire qu’il a emprunté une voie (nouvelle), personne ne l’a précédé dans cela.
L’innovation est de deux types :
⇒ L’innovation dans les choses habituelles comme faire de nouvelles inventions, ceci est autorisé, car à l’origine, tout ce qui est en rapport avec les choses de la vie courante est la permission.
⇒ L’innovation en religion, ceci est interdit, car à l’origine, on ne doit accomplir aucun acte (en matière de religion) sauf en présence de preuve. Le prophète صلى الله عليه وسلم a dit : « celui qui accomplit un acte qui n’est pas conforme à notre loi, alors cet acte est rejeté ».
 
2. Les formes de l’innovation
La première forme : l’innovation concernant les dires de la croyance comme les dires des djahmiya, des mou’tazila, des rawafid et du reste des sectes égarées et leurs croyances.
La deuxième forme : l’innovation dans les adorations comme le fait d’adorer Allah par une adoration qu’il n’a aucunement légiférée.
Elle se divise en quatre catégories :
→ Ce qui rentre dans le domaine du culte : inventer une adoration qui n’a pas d’origine dans la législation comme inventer une prière ou un jeûne qui n’est initialement pas légiféré, ou une fête non légiférée comme les fêtes de la naissance (du prophète صلى الله عليه وسلم ) ou autres.
→ Ce qui est additionné aux adorations légiférées, à l’exemple de prier une cinquième unité (rak’a) dans la prière de midi ou de l’après-midi.
La troisième forme : l’innovation dans la manière de pratiquer des adorations légiférées, c’est-à-dire accomplir des adorations de manière non légiférée comme réciter des invocations à voix communes et mélodieuses. Ou comme le fait d’exercer les adorations de manière excessive au point d’outrepasser la sunna du prophète صلى الله عليه وسلم .
La quatrième forme : déterminer un temps spécifique pour la pratique d’une adoration alors que la législation n’a pas prescrit ce temps, comme spécifier le jour et la nuit de mi-cha’bane pour accomplir prières et jeûnes. À l’origine, la prière et le jeûne sont légiférés, par contre spécifier leur pratique suivant une période précise, cela nécessite une preuve.
 
3. Statut de l’innovation et de l’ensemble de ses formes dans la religion.
Chaque innovation dans la religion est interdite et est égarement, comme il est cité dans la parole du prophète صلى الله عليه وسلم :
« Méfiez-vous des nouveautés dans les affaires (de religion), car toute nouveauté est une innovation, et toute innovation est égarement » Rapporté par Ahmad, Abou dawud et Tirmidhi et autres et authentifié par Al-Albani voir Al-Mishkate (hadith 165). (NDT)
ainsi que son autre parole : « celui qui accomplit un acte qui n’est pas conforme à notre loi, alors cet acte est rejeté ».Rapporté par Al Boukahri et Muslim avec deux versions différentes.
Ces deux hadiths sont des preuves que chaque invention en matière de religion est une innovation, et que chaque innovation est un égarement.
La signification de cela est que toutes les innovations dans les adorations et les croyances sont interdites, néanmoins cette interdiction diffère suivant la forme de l’innovation.
Il y a des innovations qui sont des purs actes de mécréance comme tourner autour des tombes afin de se rapprocher des morts, et leur présenter des sacrifices et des vœux ainsi que leur demander secours. Ou comme les dires des extrémistes d’entre les djahmiya et les mou’tazila.
Et il y a également celles qui sont des moyens menant au polythéisme, à l’exemple des édifices construits sur les tombes, les prières et les invocations auprès d’elles. D’autres, sont des déviations dans la croyance, comme les innovations des khawarij, des qadariya et des mourdjia dans leurs paroles et leurs croyances qui sont contraires aux preuves juridiques, d’autres encore sont des péchés comme le fait de s’abstenir de se marier, de jeûner debout sous le soleil ou la castration en vue de couper toutes envies sexuelles.
 
⇒ Remarque : Ceux qui divisent l’innovation en bonne et mauvaise, commettent une erreur et contredisent la parole du prophète صلى الله عليه وسلم : « Toute innovation est égarement ».
Le prophète صلى الله عليه وسلم a jugé toute innovation comme étant égarement, alors qu’eux, ils disent: « Les innovations ne sont pas toutes mauvaises, il y a des bonnes innovations ».
Le Hafiz Ibn Rajab cite, dans le commentaire des quarante (hadiths de Nawawi): « sa parole صلى الله عليه وسلم : « toutes les innovations sont des égarements » fait partie des paroles concises et explicites, il ne s’échappe d’elle aucune chose et elle représente un principe fondamental dans la religion, elle ressemble à son dire : « celui qui accomplit un acte qui n’est pas conforme à notre loi, alors cet acte est rejeté ». Tous ceux qui agissent (de manière non conforme), puis qui imputent (cet acte) à la religion sans qu’il ne renferme un principe religieux, alors, la religion est innocente de cet acte. Cela englobe les questions de croyance, les actes ou les paroles apparentes ou cachés ».
Ils ne possèdent aucune preuve sur le fait que l’innovation peut être bonne, sauf la parole de Omar رضي الله عنه qui dit au sujet de la prière a-tarawih (prières de veillée du mois de ramadan) : « Quelle bonne innovation celle-ci ». Ils dirent aussi qu’il advint des choses que les prédécesseurs n’ont pas blâmées comme réunir le coran dans un seul livre ou l’écriture des hadiths et leur compilation.
La réponse à cela est que ces choses ont une origine dans la loi, elles ne sont donc pas des nouveautés. Et pour ce qui est de la parole de Omar رضي الله عنه : « Quelle bonne innovation celle-ci », il entend par « innovation » l’innovation au sens étymologique, non l’innovation au sens législatif.
Par conséquent, lorsque l’on dit : « Cet acte est une innovation » alors qu’il a une origine dans la loi, c’est donc son sens étymologique que l’on sous-entend, non son sens législatif, car l’innovation au sens législatif est tout ce qui n’a pas d’origine dans la législation.
La compilation du coran dans un seul livre a une origine dans la religion, car le prophète صلى الله عليه وسلم ordonnait ses compagnons d’écrire le coran, mais son écrit était dispersé, alors les compagnons entreprirent de le réunir dans un seul recueil afin de le conserver.
La prière a-tarawih, le prophète صلى الله عليه وسلم l’a certes priée de nuit avec ses compagnons, et il l’a délaissée en dernier lieu de peur qu’elle devienne pour eux une obligation. Ensuite les compagnons continuèrent à l’accomplir en groupes séparés durant l’existence du prophète صلى الله عليه وسلم puis après sa mort jusqu’à que Omar رضي الله عنه les rassembla derrière un seul imam comme ils l’étaient derrière le prophète صلى الله عليه وسلم , ceci n’est donc pas une innovation en religion.
L’écriture du hadith a également une origine dans la loi. Le prophète صلى الله عليه وسلم ordonna à certains compagnons l’écriture de quelques hadiths lorsqu’on lui demanda cela. Abou houraira écrivait des hadiths sous le règne du prophète صلى الله عليه وسلم alors que cela était prohibé de façon générale pendant son règne, de peur que l’on mélange au coran ce qui n’est de lui. Puis, lorsque décéda le prophète صلى الله عليه وسلم , cette interdiction fut alors suspendue, car le coran fut complété et assimilé avant la mort du prophète صلى الله عليه وسلم . Les musulmans, après cela, compilèrent les hadiths de manière à les conserver de toute perte, qu’ils soient récompensés pour ce qu’ils ont fait en faveur de l’islam et des musulmans, car ils ont préservé le livre de leur seigneur et la sunna de leur prophète صلى الله عليه وسلم de toute perte et falsification.
 
Source : Aquidatou Tawhid (Le Dogme du Monothéisme) de Sheikh Saleh al-Fawzan. Traduit par Salafislam.fr